La Légende des Siècles eBook

This eBook from the Gutenberg Project consists of approximately 268 pages of information about La Légende des Siècles.

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  Calme, il monte ou jamais nuage n’est monte;
  Il plane a la hauteur de la serenite,
      Devant la vision des spheres;
  Elles sont la, faisant le mystere eclatant,
  Chacune feu d’un gouffre, et toutes constatant
      Les enigmes par les lumieres.

  Andromede etincelle, Orion resplendit;
  L’essaim prodigieux des Pleiades grandit;
      Sirius ouvre son cratere;
  Arcturus, oiseau d’or, scintille dans son nid;
  Le Scorpion hideux fait cabrer au zenith
      Le poitrail bleu du Sagittaire.

  L’aeroscaphe voit, comme en face de lui,
  La-haut, Aldebaran par Cephee ebloui,
      Persee, escarboucle des cimes,
  Le chariot polaire aux flamboyants essieux,
  Et, plus loin, la lueur lactee, o sombres cieux,
      La fourmiliere des abimes!

  Vers l’apparition terrible des soleils,
  Il monte; dans l’horreur des espaces vermeils,
      Il s’oriente, ouvrant ses voiles;
  On croirait, dans l’ether ou de loin on entend,
  Que ce vaisseau puissant et superbe, en chantant,
      Part pour une de ces etoiles;

  Tant cette nef, rompant tous les terrestres noeuds,
  Volante, et franchissant le ciel vertigineux,
      Reve des blemes Zoroastres,
  Comme effrenee au souffle insense de la nuit,
  Se jette, plonge, enfonce et tombe et roule et fuit
      Dans le precipice des astres!

  Ou donc s’arretera l’homme seditieux? 
  L’espace voit, d’un oeil par moment soucieux,
  L’empreinte du talon de l’homme dans les nues;
  Il tient l’extremite des choses inconnues;
  Il epouse l’abime a son argile uni;
  Le voila maintenant marcheur de l’infini. 
  Ou s’arretera-t-il, le puissant refractaire? 
  Jusqu’a quelle distance ira-t-il de la terre? 
  Jusqu’a quelle distance ira-t-il du destin? 
  L’apre Fatalite se perd dans le lointain;
  Toute l’antique histoire affreuse et deformee
  Sur l’horizon nouveau fuit comme une fumee. 
  Les temps sont venus.  L’homme a pris possession
  De l’air, comme du flot le grebe et l’alcyon. 
  Devant nos reves fiers, devant nos utopies
  Ayant des yeux croyants et des ailes impies,
  Devant tous nos efforts pensifs et haletants,
  L’obscurite sans fond fermait ses deux battants;
  Le vrai champ enfin s’offre aux puissantes algebres;
  L’homme vainqueur, tirant le verrou des tenebres,
  Dedaigne l’ocean, le vieil infini mort. 
  La porte noire cede et s’entre-baille.  Il sort!

  O profondeurs! faut-il encor l’appeler l’homme?

  L’homme est d’abord monte sur la bete de somme;
  Puis sur le chariot que portent des essieux;
  Puis sur la frele barque au mat ambitieux;
  Puis quand il a fallu vaincre l’ecueil, la lame,
  L’onde et l’ouragan, l’homme est monte sur la flamme;
  A present l’immortel aspire a l’eternel;
  Il montait sur la mer, il monte sur le ciel.

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