La Légende des Siècles eBook

This eBook from the Gutenberg Project consists of approximately 268 pages of information about La Légende des Siècles.

La Légende des Siècles eBook

This eBook from the Gutenberg Project consists of approximately 268 pages of information about La Légende des Siècles.

  Les etres inconnus et bons, les providences
  Presentes dans l’azur ou l’oeil ne les voit pas,
  Les anges qui de l’homme observent tous les pas,
  Leur tache sainte etant de diriger les ames
  Et d’attiser, avec toutes les belles flammes,
  La conscience au fond des cerveaux tenebreux,
  Ces amis des vivants, toujours penches sur eux,
  Ont cesse de fremir et d’etre, en la tourmente
  Et dans les sombres nuits, la voix qui se lamente. 
  Voici qu’on voit bleuir l’ideale Sion. 
  Ils n’ont plus d’oeil fixe sur l’apparition
  Du vainqueur, du soldat, du fauve chasseur d’hommes. 
  Les vagues flamboiements epars sur les Sodomes,
  Precurseurs du grand feu devorant, les lueurs
  Que jette le sourcil tragique des tueurs,
  Les guerres, s’arrachant avec leur griffe immonde
  Les frontieres, haillon difforme du vieux monde,
  Les battements de coeur des meres aux abois,
  L’embuscade ou le vol guettant au fond des bois,
  Le cri de la chouette et de la sentinelle,
  Les fleaux, ne sont plus leur alarme eternelle. 
  Le deuil n’est plus mele dans tout ce qu’on entend;
  Leur oreille n’est plus tendue a chaque instant
  Vers le gemissement indigne de la tombe;
  La moisson rit aux champs ou ralait l’hecatombe;
  L’azur ne les voit plus pleurer les nouveau-nes,
  Dans tous les innocents pressentir des damnes,
  Et la pitie n’est plus leur unique attitude;
  Ils re regardent plus la morne servitude
  Tresser sa maille obscure a l’osier des berceaux. 
  L’homme aux fers, penetre du frisson des roseaux,
  Est remplace par l’homme attendri, fort et calme;
  La fonction du sceptre est faite par la palme;
  Voici qu’enfin, o gloire! exauces dans leur voeu,
  Ces etres, dieux pour nous, creatures pour Dieu,
  Sont heureux, l’homme est bon, et sont fiers, l’homme est juste. 
  Les esprits purs, essaim de l’empyree auguste,
  Devant ce globe obscur qui devient lumineux,
  Ne sentent plus saigner l’amour qu’ils ont en eux;
  Une clarte parait dans leur beau regard sombre;
  Et l’archange commence a sourire dans l’ombre.

  Ou va-t-il, ce navire?  Il va, de jour vetu,
  A l’avenir divin et pur, a la vertu,
      A la science qu’on voit luire,
  A la mort des fleaux, a l’oubli genereux,
  A l’abondance, au calme, au rire, a l’homme heureux;
      Il va, ce glorieux navire,

  Au droit, a la raison, a la fraternite,
  A la religieuse et sainte verite
      Sans impostures et sans voiles,
  A l’amour, sur les coeurs serrant son doux lien,
  Au juste, au grand, au bon, au beau...—­Vous voyez bien
      Qu’en effet il monte aux etoiles!

  Il porte l’homme a l’homme, et l’esprit a l’esprit. 
  Il civilise, o gloire!  Il ruine, il fletrit
      Tout l’affreux passe qui s’effare;
  Il abolit la loi de fer, la loi de sang,
  Les glaives, les carcans, l’esclavage, en passant
      Dans les cieux comme une fanfare.

Copyrights
Project Gutenberg
La Légende des Siècles from Project Gutenberg. Public domain.