A Selection from the Comedies of Marivaux eBook

This eBook from the Gutenberg Project consists of approximately 327 pages of information about A Selection from the Comedies of Marivaux.

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LISETTE.

Nous n’avons encore guere trouve le moment[112] de nous parler, car ce pretendu m’obsede; mais, a vue de pays,[113] je ne la crois pas contente; je la trouve triste, reveuse, et je m’attends bien qu’elle me priera de le rebuter.

M. ORGON.

Et moi, je te le defends.  J’evite de m’expliquer avec elle; j’ai mes raisons pour faire durer ce deguisement:  je veux qu’elle examine son futur plus a loisir.  Mais le valet, comment se gouberne-t-il? ne se mele-t-il pas d’aimer ma fille?

LISETTE.

C’est un original:  j’ai remarque qu’il fait l’homme de consequence avec elle, parce qu’il est bien fait;[114] il la regarde, et soupire.

M. ORGON.

Et cela la fache.

LISETTE.

Mais... elle rougit.

M. ORGON.

Bon, tu te trompes:  les regards d’un valet ne l’embarrassent pas jusque la.[115]

LISETTE.

Monsieur, elle rougit.

M. ORGON.

C’est donc d’indignation.

LISETTE.

A la bonne heure.[116]

M. ORGON.

Eh bien! quand tu lui parleras, dis-lui que tu soupconnes ce valet de la prevenir contre son maitre; et, si elle se fache, ne t’en inquiete point:  ce sont mes affaires.  Mais voici Dorante, qui te cherche apparemment.

SCENE II.

LISETTE, ARLEQUIN, M. ORGON.

ARLEQUIN.

Ah! je vous trouve, merveilleuse dame! je vous demandois a tout le monde. 
Serviteur, cher beau-pere, ou peu s’en faut.

M. ORGON.

Serviteur.  Adieu, mes enfants:  je vous laisse ensemble; il est bon que vous vous aimiez un peu avant que de[117] vous marier.

ARLEQUIN.

Je ferois bien ces deux besognes-la a la fois, moi.

M. ORGON.

Point d’impatience.  Adieu.

SCENE III.

LISETTE, ARLEQUIN.

ARLEQUIN.

Madame, il dit que je ne m’impatiente pas; il en parle bien a son aise, le bonhomme!

LISETTE.

J’ai de la peine a croire qu’il vous en coute tant d’attendre, Monsieur; c’est par galanterie que vous faites l’impatient:  a peine etes-vous arrive.  Votre amour ne sauroit etre bien fort:  ce n’est tout au plus qu’un amour naissant.

ARLEQUIN.

Vous vous trompez, prodige de nos jours:  un amour de votre facon[118] ne reste pas longtemps au berceau; votre premier coup d’oeil a fait naitre le mien, le second lui a donne des forces, et le troisieme l’a rendu grand garcon.  Tachons de l’etablir au plus vite; ayez soin de lui, puisque vous etes sa mere.

LISETTE.

Trouvez-vous qu’on le maltraite? est-il si abandonne?

ARLEQUIN.

En attendant qu’il soit pourvu, donnez-lui seulement votre belle main blanche pour l’amuser un peu.

LISETTE.

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