A Selection from the Comedies of Marivaux eBook

This eBook from the Gutenberg Project consists of approximately 327 pages of information about A Selection from the Comedies of Marivaux.

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DORANTE.

Que j’ai souffert dans ce dernier entretien!  Puisque tu savois qu’elle vouloit me faire declarer, que ne m’en avertissois-tu par quelques signes?

DUBOIS.

Cela auroit ete joli, ma foi!  Elle ne s’en seroit point apercue, n’est ce pas?  Et d’ailleurs, votre douleur n’en a paru que plus vraie.  Vous repentez-vous de l’effet qu’elle a produit?  Monsieur a souffert!  Parbleu! il me semble que cette aventure-ci merite un peu d’inquietude.

DORANTE.

Sais-tu bien ce qui arrivera?  Qu’elle prendra son parti, et qu’elle me renverra tout d’un coup.

DUBOIS.

Je lui[129] en defie.  Il est trop tard; l’heure du courage est passee; il faut qu’elle nous epouse.

DORANTE.

Prends-y garde:  tu vois que sa mere la fatigue.[130]

DUBOIS.

Je serois bien fache qu’elle la laissat en repos.

DORANTE.

Elle est confuse de ce que Marton m’a surpris a ses genoux.

DUBOIS.

Ah! vraiment, des confusions!  Elle n’y est pas.  Elle va en essuyer bien d’autres!  C’est moi qui, voyant le train que prenoit la conversation, ai fait venir Marton une seconde fois.

DORANTE.

Araminte pourtant m’a dit que je lui etois insupportable.

DUBOIS.

Elle a raison.  Voulez-vous qu’elle soit de bonne humeur avec un homme qu’il faut qu’elle aime en depit d’elle?  Cela est-il agreable?  Vous vous emparez de son bien, de son coeur; et cette femme ne criera pas?  Allez, vite, plus de raisonnement; laissez-vous conduire.

DORANTE.

Songe que je l’aime, et que, si notre precipitation reussit mal, tu me desesperes.

DUBOIS.

Ah! oui, je sais bien que vous l’aimez:  c’est a cause de cela que je ne vous ecoute pas.  Etes-vous en etat de juger de rien?  Allons, allons, vous vous moquez.  Laissez faire un homme de sang-froid.  Partez, d’autant plus que voici Marton qui vient a propos, et que je vais tacher d’amuser,[131] en attendant que vous envoyiez Arlequin.

SCENE II.

DUBOIS, MARTON.

MARTON, d’un air triste.

Je te cherchois.

DUBOIS.

Qu’y a-t-il pour votre service.  Mademoiselle?

MARTON.

Tu me l’avois bien dit, Dubois.

DUBOIS.

Quoi donc?  Je ne me souviens plus de ce que c’est.

MARTON.

Que cet intendant osoit lever les yeux sur Madame.

DUBOIS.

Ah! oui:  vous parlez de ce regard que je lui vis jeter sur elle.  Oh! jamais je ne l’ai oublie.  Cette oeillade-la ne valoit rien.  Il y avoit quelque chose dedans qui n’etoit pas dans l’ordre.

MARTON.

Oh! ca, Dubois, il s’agit de faire sortir cet homme-ci.

DUBOIS.

Pardi! tant qu’on voudra; je ne m’y epargne pas.  J’ai deja dit a Madame qu’on m’avoit assure qu’il n’entendoit pas les affaires.

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