La Légende des Siècles eBook

This eBook from the Gutenberg Project consists of approximately 268 pages of information about La Légende des Siècles.

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TOUTES LES FAIMS SATISFAITES

  C’est que les noirs oiseaux de l’ombre ont eu raison,
  C’est que l’orfraie a bien flaire la trahison,
  C’est qu’un fourbe a surpris le vaillant sans defense,
  C’est qu’on vient d’ecraser la vieillesse et l’enfance. 
  En vain quelques soldats fideles ont voulu
  Resister, a l’abri d’un creneau vermoulu;
  Tous sont morts; et de sang les dalles sont trempees,
  Et la hache, l’estoc, les masses, les epees
  N’ont fait grace a pas un, sur l’ordre que donna
  Le roi d’Arle au prevot Sixte Malaspina. 
  Et, quant aux plus mutins, c’est ainsi que les nomme
  L’aventurier royal fait empereur par Rome,
  Trente sur les crochets et douze sur le pal
  Expirent au-dessus du porche principal.

  Tandis qu’en joyeux chants les vainqueurs se repandent,
  Aupres de ces poteaux et de ces croix ou pendent
  Ceux que Malaspina vient de supplicier,
  Corbeaux, hiboux, milans, tout l’essaim carnassier,
  Venus des monts, des bois, des cavernes, des havres,
  S’abattent par volee, et font sur les cadavres
  Un banquet, moins hideux que celui d’a cote.

  Ah! le vautour est triste a voir, en verite,
  Dechiquetant sa proie et planant; on s’effraie
  Du cri de la fauvette aux griffes de l’orfraie;
  L’epervier est affreux rongeant des os brises;
  Pourtant, par l’ombre immense on les sent excuses,
  L’impenetrable faim est la loi de la terre,
  Et le ciel, qui connait la grande enigme austere,
  La nuit, qui sert de fond au guet mysterieux
  Du hibou promenant la rondeur de ses yeux
  Ainsi qu’a l’araignee ouvrant ses pales toiles,
  Met a ce festin sombre une nappe d’etoiles;
  Mais l’etre intelligent, le fils d’Adam, l’elu
  Qui doit trouver le bien apres l’avoir voulu,
  L’homme exterminant l’homme et riant, epouvante,
  Meme au fond de la nuit, l’immensite vivante,
  Et, que le ciel soit noir ou que le ciel soit bleu,
  Cain tuant Abel est la stupeur de Dieu.

XII

QUE C’EST FABRICE QUI EST UN TRAITRE

  Un homme qu’un piquet de lansquenets escorte,
  Qui tient une banniere inclinee, et qui porte
  Une jacque de vair taillee en eventail,
  Un heraut, fait ce cri devant le grand portail: 

  ’Au nom de l’empereur clement et plein de gloire,
  —­Dieu le protege!—­peuple! il est pour tous notoire
  Que le traitre marquis Fabrice d’Albenga
  Jadis avec les gens des villes se ligna,
  Et qu’il a maintes fois guerroye le Saint-Siege;
  C’est pourquoi l’empereur tres clement,—­Dieu protege
  L’empereur!—­le citant a son haut tribunal,
  A pris possession de l’etat de Final.’

  L’homme ajoute, dressant sa banniere penchee: 
  —­Qui me contredira, soit sa tete tranchee,
  Et ses biens confisques a l’empereur.  J’ai dit.

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