A Selection from the Comedies of Marivaux eBook

This eBook from the Gutenberg Project consists of approximately 327 pages of information about A Selection from the Comedies of Marivaux.

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SCENE XII.

LE CHEVALIER, HORTENSE, LE MARQUIS, LA COMTESSE.

HORTENSE, allant au-devant du Chevalier pour lui dire un mot a part.

Il accepte ma main, mais de mauvaise grace.  Ce n’est qu’une ruse:  ne vous effrayez pas.

LE CHEVALIER, a part.

Vous m’inquietez. (Haut.) Eh bien, Madame, il ne me reste plus d’esperance, sans doute?  Je n’ai pas du m’attendre que monsieur le Marquis put consentir a vous perdre.

HORTENSE.

Oui, Chevalier, je l’epouse; la chose est conclue, et le Ciel vous destine a une autre qu’a moi.  Le Marquis m’aimoit en secret, et c’etoit, dit-il, par distraction qu’il ne me le declaroit pas... par distraction.

LE CHEVALIER.

J’entends,[74] il avoit oublie de vous le dire.

HORTENSE.

Oui, c’est cela meme; mais il vient de me l’avouer, et il l’avoit confie a
Madame.

LE CHEVALIER.

Eh! que ne m’avertissiez-vous, Comtesse?  J’ai cru quelquefois qu’il vous aimoit vous-meme.

LA COMTESSE.

Quelle imagination![75] A propos de quoi me citer ici?

HORTENSE.

Il y a eu des instants ou je le soupconnois aussi.

LA COMTESSE.

Encore!  Ou est donc la plaisanterie, Hortense?

LE MARQUIS.

Pour moi, je ne dis mot.

LE CHEVALIER.

Vous me desesperez, Marquis.

LE MARQUIS.

J’en suis fache; mais mettez-vous a ma place:  il y a un testament, vous le savez bien, je ne peux pas faire autrement.

LE CHEVALIER.

Sans le testament, vous n’aimeriez peut-etre pas autant que moi.

LE MARQUIS.

Oh! vous me pardonnerez, je n’aime que trop.

HORTENSE.

Je tacherai de le meriter, Monsieur. (A part, au Chevalier.) Demandez qu’on presse notre mariage.

LE CHEVALIER, a part, a Hortense.

N’est-ce pas trop risquer? (Haut.) Dans l’etat ou je suis, Marquis, achevez de me prouver que mon malheur est sans remede.

LE MARQUIS.

La preuve s’en verra quand je l’epouserai.  Je ne peux pas l’epouser tout a l’heure.[76]

LE CHEVALIER, d’un air inquiet.

Vous avez raison. (A part, a Hortense.) Il vous epousera.

HORTENSE, a part.

Vous gatez tout. (Au Marquis.) J’entends[77] bien ce que le Chevalier veut dire:  c’est qu’il espere toujours que nous ne nous marierons pas, monsieur le Marquis.  N’est-ce pas, Chevalier?

LE CHEVALIER.

Non, Madame, je n’espere plus rien.

HORTENSE.

Vous m’excuserez, je le vois bien.  Vous n’etes pas convaincu, vous ne l’etes pas; et, comme il faut, m’avez-vous dit, que vous alliez demain a Paris pour y prendre des mesures, necessaires en cette occasion-ci, vous voudriez, avant que de[78] partir, savoir bien precisement s’il ne nous reste plus d’espoir.  Voila ce que c’est:  vous avez besoin d’une entiere certitude. (A part, au Chevalier.) Dites qu’oui.

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