A Selection from the Comedies of Marivaux eBook

This eBook from the Gutenberg Project consists of approximately 327 pages of information about A Selection from the Comedies of Marivaux.

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Je vous trouve ... plaisant[95].

ARLEQUIN.

Bon, tant mieux; entretenez-vous dans ce sentiment-la, il pourra trouver sa place.

SILVIA.

Vous etes bien modeste de vous en contenter.  Mais je vous quitte; il faut qu’on ait oublie d’avertir votre beau-pere, car assurement il seroit venu; et j’y vais.

ARLEQUIN.

Dites-lui que je l’attends avec affection.

SILVIA, a part.

Que le sort est bizarre!  Aucun de ces deux hommes n’est a sa place.

SCENE IX.

DORANTE, ARLEQUIN.

ARLEQUIN.

Eh bien!  Monsieur, mon commencement va bien:  je plais deja a la soubrette.

DORANTE.

Butor que tu es!

ARLEQUIN.

Pourquoi donc?  Mon entree est si gentille!

DORANTE.

Tu m’avois tant promis de laisser la tes facons de parler sottes et triviales!  Je t’avois donne de si bonnes instructions!  Je ne t’avois recommande que d’etre serieux.  Va, je vois bien que je suis un etourdi de m’en etre fie a toi.[96]

ARLEQUIN.

Je ferai encore mieux dans les suites,[97] et, puisque le serieux n’est pas suffisant, je donnerai du melancolique;[98] je pleurerai, s’il le faut.

DORANTE.

Je ne sais plus ou j’en suis; cette aventure-ci m’etourdit.  Que faut-il que je fasse?

ARLEQUIN.

Est-ce que la fille n’est pas plaisante?[99]

DORANTE.

Tais-toi; voici monsieur Orgon qui vient.

SCENE X.

M. ORGON, DORANTE, ARLEQUIN.

M. ORGON.

Mon cher Monsieur, je vous demande mille pardons de vous avoir fait attendre; mais ce n’est que de cet instant[100] que j’apprends que vous etes ici.

ARLEQUIN.

Monsieur, mille pardons, c’est beaucoup trop, et il n’en faut qu’un quand on n’a fait qu’une faute:  au surplus, tous mes pardons sont a votre service.

M. ORGON.

Je tacherai de n’en avoir pas besoin.

ARLEQUIN.

Vous etes le maitre, et moi votre serviteur.

M. ORGON.

Je suis, je vous assure, charme de vous voir, et je vous attendois avec impatience.

ARLEQUIN.

Je serois d’abord venu ici avec Bourguignon; mais, quand on arrive de voyage, vous savez qu’on est si mal bati![101] et j’etois bien aise de me presenter dans un etat plus ragoutant.[102]

M. ORGON.

Vous y avez fort bien reussi.  Ma fille s’habille; elle a ete un peu indisposee.  En attendant qu’elle descende, voulez-vous vous rafraichir?

ARLEQUIN.

Oh! je n’ai jamais refuse de trinquer[103] avec personne.

M. ORGON.

Bourguignon, ayez soin de vous, mon garcon.

ARLEQUIN.

Le gaillard est gourmet:  il boira du meilleur.

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