A Selection from the Comedies of Marivaux eBook

This eBook from the Gutenberg Project consists of approximately 327 pages of information about A Selection from the Comedies of Marivaux.

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ARLEQUIN.

Sans doute, de quoi t’avises-tu d’oter ce tableau, qui est tout a fait gracieux, que mon maitre consideroit, il n’y avoit qu’un moment, avec toute la satisfaction possible?  Car je l’avois vu qu’il[100] l’avoit contemple de tout son coeur, et il prend fantaisie a ce brutal de le priver d’une peinture qui rejouit cet honnete homme.  Voyez la malice!  Ote-lui quelqu’autre meuble, s’il en a trop, mais laisse-lui cette piece, animal.

DUBOIS.

Et moi, je te dis qu’on ne la laissera point, que je la detacherai moi-meme, que tu en auras le dementi, et que Madame le voudra ainsi.

ARAMlNTE.

Eh! que m’importe?  Il etoit bien necessaire de faire ce bruit-la pour un vieux tableau qu’on a mis la par hasard, et qui y est reste.  Laissez-nous.  Cela vaut-il la peine qu’on en parle?

Mme. ARGANTE, d’un ton aigre.

Vous m’excuserez, ma fille:  ce n’est point la sa place, et il n’y a qu’a l’oter; votre intendant se passera bien de ses contemplations.

ARAMINTE, souriant d’un air railleur.

Oh! vous avez raison:  je ne pense pas qu’il les regrette. (A Arlequin et a Dubois.) Retirez-vous tous deux.

SCENE XI.

ARAMINTE, LE COMTE, Mme. ARGANTE, MARTON.

LE COMTE, d’un ton railleur.

Ce qui est de sur,[101] c’est que cet homme d’affaires-la est de bon gout.

ARAMINTE, ironiquement.

Oui, la reflexion est juste.  Effectivement, il est fort extraordinaire qu’il ait jete les yeux sur ce tableau.

Mme. ARGANTE.

Cet homme-la ne m’a jamais plu un instant, ma fille; vous le savez, j’ai le coup d’oeil assez bon, et je ne l’aime pas.  Croyez-moi, vous avez entendu la menace que Dubois a faite en parlant de lui, j’y reviens encore, il faut qu’il ait quelque chose a en dire.  Interrogez-le; sachons ce que c’est, je suis persuadee que ce petit monsieur-la ne vous convient point; nous le voyons tous, il n’y a que vous qui n’y prenez pas garde.

MARTON, negligemment.

Pour moi, je n’en suis pas contente.

ARAMINTE, riant ironiquement.

Qu’est-ce donc que vous voyez, et que je ne vois point?  Je manque de penetration; j’avoue que je m’y perds!  Je ne vois pas le sujet[102] de me defaire d’un homme qui m’est donne de bonne main,[103] qui est un homme de quelque chose, qui me sert bien, et que trop bien peut-etre:  voila ce qui n’echappe pas a ma penetration, par exemple.

Mme. ARGANTE.

Que vous etes aveugle!

ARAMINTE, d’un air souriant.

Pas tant; chacun a ses lumieres, je consens,[104] au reste, d’ecouter Dubois; le conseil est bon, et je l’approuve.  Allez, Marton, allez lui dire que je veux lui parler, S’il me donne des motifs raisonnables de renvoyer cet intendant assez hardi pour regarder un tableau, il ne restera pas longtemps chez moi; sans quoi, on aura la bonte de trouver bon que je le garde en attendant qu’il me deplaise a moi,

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