A Selection from the Comedies of Marivaux eBook

This eBook from the Gutenberg Project consists of approximately 327 pages of information about A Selection from the Comedies of Marivaux.

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M. REMY.

C’est qu’en venant ici j’ai reve a une chose...  Elle est jolie, au moins.

DORANTE.

Je le crois.

M. REMY.

Et de fort bonne famille.  C’est moi qui ai succede a son pere; il etoit fort ami du votre:  homme un peu derange[18]; sa fille est restee sans bien; la dame d’ici a voulu l’avoir; elle l’aime, la traite bien moins en suivante qu’en amie, lui a fait beaucoup de bien, lui en fera encore, et a offert meme de la marier.  Marton a d’ailleurs une vieille parente asthmatique dont elle herite, et qui est a son aise.  Vous allez etre tous deux dans la meme maison; je suis d’avis que vous l’epousiez; qu’en dites-vous?

DORANTE, sourit a part.

Eh!... mais je ne pensois pas a elle.

M. REMY.

Eh bien! je vous avertis d’y penser; tachez de lui plaire.  Vous n’avez rien, mon neveu, je dis rien qu’un peu d’esperance; vous etes mon heritier, mais je me porte bien, et je ferai durer cela le plus longtemps que je pourrai, sans compter que je puis me marier.  Je n’en ai point d’envie; mais cette envie-la vient tout d’un coup; il y a tant de minois qui vous la donnent!  Avec une femme on a des enfants, c’est la coutume; auquel cas, serviteur au collateral.[19] Ainsi, mon neveu, prenez toujours vos petites precautions, et vous mettez[20] en etat de vous passer de mon bien, que je vous destine aujourd’hui, et que je vous oterai demain peut-etre.

DORANTE.

Vous avez raison, Monsieur, et c’est aussi a quoi je vais travailler.

M. REMY.

Je vous y exhorte.  Voici mademoiselle Marton:  eloignez-vous de deux pas, pour me donner le temps de lui demander comment elle vous trouve. (Dorante s’ecarte un peu.)

SCENE IV.

M. REMY, MARTON, DORANTE.

MARTON.

Je suis fachee, Monsieur, de vous avoir fait attendre; mais j’avois affaire chez Madame.

M. REMY.

Il n’y a pas grand mal, Mademoiselle, j’arrive.  Que pensez-vous de ce grand garcon-la? (Montrant Dorante.)

MARTON, riant.

Eh! par quelle raison, monsieur Remy, faut-il que je vous le dise?

M. REMY.

C’est qu’il est mon neveu.

MARTON.

Eh bien! ce neveu-la est bon a montrer; il ne depare point la famille.

M. REMY.

Tout de bon?  C’est de lui dont[21] j’ai parle a Madame pour intendant, et je suis charme qu’il vous revienne.[22] Il vous a deja vue plus d’une fois chez moi quand vous y etes venue; vous en souvenez-vous?

MARTON.

Non, je n’en ai point d’idee.

M. REMY.

On ne prend pas garde a tout.  Savez-vous ce qu’il me dit la premiere fois qu’il vous vit?  “Quelle est cette jolie fille-la?” (Marton sourit.) Approchez, mon neveu.  Mademoiselle, votre pere et le sien s’aimoient beaucoup; pourquoi les enfants ne s’aimeroient-ils pas?  En voila un qui ne demande pas mieux; c’est un coeur qui se presente bien.

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