La Légende des Siècles eBook

This eBook from the Gutenberg Project consists of approximately 268 pages of information about La Légende des Siècles.

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  Il passe, il n’est plus la; qu’est-il donc devenu? 
  Il est dans l’invisible, il est dans l’inconnu;
      Il baigne l’homme dans le songe,
  Dans le fait, dans le vrai profond, dans la clarte,
  Dans l’ocean d’en haut plein d’une verite
      Dont le pretre a fait un mensonge.

  Le jour se leve, il va; le jour s’evanouit,
  Il va; fait pour le jour, il accepte la nuit. 
      Voici l’heure des feux sans nombre;
  L’heure ou, vu du nadir, ce globe semble, ayant
  Son large cone obscur sous lui se deployant,
      Une enorme comete d’ombre.

  La brume redoutable emplit au loin les airs. 
  Ainsi qu’au crepuscule on voit, le long des mers,
      Le pecheur, vague comme un reve,
  Trainant, dernier effort d’un long jour de sueurs,
  Sa nasse ou les poissons font de pales lueurs,
      Aller et venir sur la greve.

  La Nuit tire du fond des gouffres inconnus
  Son filet ou luit Mars, ou rayonne Venus,
      Et, pendant que les heures sonnent,
  Ce filet grandit, monte, emplit le ciel des soirs,
  Et dans ses mailles d’ombre et dans ses reseaux noirs
      Les constellations frissonnent.

  L’aeroscaphe suit son chemin; il n’a peur
  Ni des pieges du soir, ni de l’acre vapeur,
      Ni du ciel morne ou rien ne bouge,
  Ou les eclairs, luttant au fond de l’ombre entre eux,
  Ouvrent subitement dans le nuage affreux
      Des cavernes de cuivre rouge.

  Il invente une route obscure dans les nuits;
  Le silence hideux de ces lieux inouis
      N’arrete point ce globe en marche;
  Il passe, portant l’homme et l’univers en lui;
  Paix! gloire! et, comme l’eau jadis, l’air aujourd’hui
      Au-dessus de ses flots voit l’arche.

  Le saint navire court par le vent emporte
  Avec la certitude et la rapidite
      Du javelot cherchant la cible;
  Rien n’en tombe, et pourtant il chemine en semant;
  Sa rondeur, qu’on distingue en haut confusement,
      Semble un ventre d’oiseau terrible.

  Il vogue; les brouillards sous lui flottent dissous;
  Ses pilotes penches regardent, au-dessous
      Des nuages ou l’ancre traine,
  Si, dans l’ombre, ou la terre avec l’air se confond,
  Le sommet du mont Blanc ou quelque autre bas-fond
      Ne vient pas heurter sa carene.

  La vie est sur le pont du navire eclatant. 
  Le rayon l’envoya, la lumiere l’attend. 
  L’homme y fourmille, l’homme invincible y flamboie. 
  Point d’armes; un fier bruit de puissance et de joie;
  Le cri vertigineux de l’exploration! 
  Il court, ombre, clarte, chimere, vision! 
  Regardez-le pendant qu’il passe, il va si vite! 
  Comme autour d’un soleil un systeme gravite,
  Une sphere de cuivre enorme fait marcher
  Quatre globes ou pend un immense plancher;
  Elle respire et fuit dans les vents qui

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