La Légende des Siècles eBook

This eBook from the Gutenberg Project consists of approximately 268 pages of information about La Légende des Siècles.

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  La loi d’un peuple etait chez l’autre peuple un crime;
  Lire etait un fosse, croire etait un abime;
  Les rois etaient des tours; les dieux etaient des murs;
  Nul moyen de franchir tant d’obstacles obscurs;
  Sitot qu’on voulait croitre, on rencontrait la barre
  D’une mode sauvage ou d’un dogme barbare;
  Et, quant a l’avenir, defense d’aller la.

  Le vent de l’infini sur ce monde souffla. 
  Il a sombre.  Du fond des cieux inaccessibles,
  Les vivants de l’ether, les etres invisibles
  Confusement epars sous l’obscur firmament
  A cette heure, pensifs, regardent fixement
  Sa disparition dans la nuit redoutable. 
  Qu’est-ce que le simoun a fait du grain de sable? 
  Cela fut.  C’est passe.  Cela n’est plus ici.

  Ce monde est mort.  Mais quoi! l’homme est-il mort aussi? 
  Cette forme de lui disparaissant, l’a-t-elle
  Lui-meme remporte dans l’enigme eternelle? 
  L’ocean est desert.  Pas une voile au loin. 
  Ce n’est plus que du flot que le flot est temoin. 
  Pas un esquif vivant sur l’onde ou la mouette
  Voit du Leviathan roder la silhouette. 
  Est-ce que l’homme, ainsi qu’un feuillage jauni,
  S’en est alle dans l’ombre?  Est-ce que c’est fini? 
  Seul, le flux et reflux va, vient, passe et repasse. 
  Et l’oeil, pour retrouver l’homme absent de l’espace,
  Regarde en vain la-bas.  Rien.

Regardez la-haut.

II

PLEIN CIEL

Loin dans les profondeurs, hors des nuits, hors du flot,
Dans un ecartement de nuages, qui laisse
Voir au-dessus des mers la celeste allegresse,
Un point vague et confus apparait; dans le vent,
Dans l’espace, ce point se meut; il est vivant,
Il va, descend, remonte; il fait ce qu’il veut faire;
Il approche, il prend forme, il vient; c’est une sphere,
C’est un inexprimable et surprenant vaisseau,
Globe comme le monde, et comme l’aigle oiseau;
C’est un navire en marche.  Ou?  Dans l’ether sublime!

  Reve! on croit voir planer un morceau d’une cime;
  Le haut d’une montagne a, sous l’orbe etoile,
  Pris des ailes et s’est tout a coup envole? 
  Quelque heure immense etant dans les destins sonnee,
  La nuit errante s’est en vaisseau faconnee? 
  La Fable apparait-elle a nos yeux decevants? 
  L’antique Eole a-t-il jete son outre aux vents? 
  De sorte qu’en ce gouffre ou les orages naissent,
  Les vents, subitement domptes, la reconnaissent? 
  Est-ce l’aimant qui s’est fait aider par l’eclair
  Pour batir un esquif celeste avec de l’air? 
  Du haut des clairs azurs vient-il une visite? 
  Est-ce un transfigure qui part et ressuscite,
  Qui monte, delivre de la terre, emporte
  Sur un char volant fait d’extase et de clarte,
  Et se rapproche un peu par instants pour qu’on voie,
  Du fond du monde noir, la fuite de sa joie?

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