La Légende des Siècles eBook

This eBook from the Gutenberg Project consists of approximately 268 pages of information about La Légende des Siècles.

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  Il ramene au vrai ceux que le faux repoussa;
  Il fait briller la foi dans l’oeil de Spinosa
      Et l’espoir sur le front de Hobbe;
  Il plane, rassurant, rechauffant, epanchant
  Sur ce qui fut lugubre et ce qui fut mechant
      Toute la clemence de l’aube.

  Les vieux champs de bataille etaient la dans la nuit;
  Il passe, et maintenant voila le jour qui luit
      Sur ces grands charniers de l’histoire
  Ou les siecles, penchant leur oeil triste et profond,
  Venaient regarder l’ombre effroyable que font
      Les deux ailes de la victoire.

  Derriere lui, Cesar redevient homme; Eden
  S’elargit sur l’Erebe, epanoui soudain;
      Les ronces de lys sont couvertes;
  Tout revient, tout renait; ce que la mort courbait
  Refleurit dans la vie, et le bois du gibet
      Jette, effraye, des branches vertes.

  Le nuage, l’aurore aux candides fraicheurs,
  L’aile de la colombe, et toutes les blancheurs,
      Composent la-haut sa magie;
  Derriere lui, pendant qu’il fuit vers la clarte,
  Dans l’antique noirceur de la fatalite
      Des lueurs de l’enfer rougie,

  Dans ce brumeux chaos qui fut le monde ancien,
  Ou l’allah turc s’accoude au sphinx egyptien,
      Dans la seculaire gehenne,
  Dans la Gomorrhe infame ou flambe un lac fumant,
  Dans la foret du mal qu’eclairent vaguement
      Les deux yeux fixes de la Haine,

  Tombent, sechent, ainsi que des feuillages morts,
  Et s’en vont la douleur, le peche, le remords,
      La perversite lamentable,
  Tout l’ancien joug, de reve et de crime forge,
  Nemrod, Aron, la guerre avec le prejuge,
      La boucherie avec l’etable!

  Tous les spoliateurs et tous les corrupteurs
  S’en vont; et les faux jours sur les fausses hauteurs;
      Et le taureau d’airain qui beugle,
  La hache, le billot, le bucher devorant,
  Et le docteur versant l’erreur a l’ignorant,
      Vil baton qui trompait l’aveugle!

  Et tous ceux qui faisaient, au lieu de repentirs,
  Un rire au prince avec les larmes des martyrs,
      Et tous ces flatteurs des epees
  Qui louaient le sultan, le maitre universel,
  Et, pour assaisonner l’hymne, prenaient du sel
      Dans le sac aux tetes coupees!

  Les pestes, les forfaits, les cimiers fulgurants,
  S’effacent, et la route ou marchaient les tyrans,
      Belial roi, Dagon ministre,
  Et l’epine, et la haie horrible du chemin
  Ou l’homme du vieux monde et du vieux vice humain
      Entend beler le bouc sinistre.

  On voit luire partout les esprits sideraux;
  On voit la fin du monstre et la fin du heros,
      Et de l’athee et de l’augure,
  La fin du conquerant, la fin du paria;
  Et l’on voit lentement sortir Beccaria
      De Dracon qui se transfigure.

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